EMDR & TCC : Mes approches.
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Que sont les thérapies cognitives et comportementales ?
Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont « l’application de la psychologie scientifique à la psychothérapie » (Cottraux, 2017). Avec l’approche des TCC, on considère que l’individu est en constante interaction avec son environnement. Le milieu dans lequel il vit le façonne donc, mais les relations individu-environnement peuvent être pensées autrement. Autrement dit, « un comportement inadapté [serait] la résultante d’apprentissages liés à des expériences antérieures survenues dans des situations similaires, puis maintenu par les contingences de l’environnement » (HAS, 2017). Sur la base des théories de l’apprentissage, les TCC permettent ainsi aux patients d’apprendre autrement.
Comprendre le principe des TCC en 2 minutes :
Les TCC : une approche scientifique et collaborative
Les TCC sont des thérapies qui s’appuient sur une démarche scientifique dite hypothético-déductive. Sur la base de données généralement récoltées par le patient via des tâches d’auto-observation, des hypothèses et des pistes thérapeutiques seront formulées. Durant une TCC, le patient et le psychologue réfléchissent et construisent le protocole ensemble.
Combien de temps dure une TCC ? Est-elle structurée ?
Les TCC sont dites brèves, on parle de 10 à 20 séances sur quelques mois mais ceci est variable. Il n’y a pas de règle stricte car les TCC sont flexibles et adaptables aux besoins du patient. Pour autant, ce sont des thérapies rigoureuses qui permettent d’évaluer l’avancée du travail thérapeutique grâce aux observables identifiés en début de thérapie. Les premières séances sont généralement dédiées à l’analyse fonctionnelle qui permet notamment d’identifier le problème significatif du patient, ses cognitions, son comportement, les conséquences associées et les facteurs de maintien. Cette analyse fonctionnelle mène notamment à l’élaboration de pistes thérapeutiques et à l’identification d’observables qui serviront de ligne de base.
Pour quels troubles une TCC est-elle indiquée ?
La Haute Autorité de Santé recommande les TCC pour de nombreux troubles tels que :
- la dépression,
- les troubles anxieux,
- les phobies,
- les TOC,
- les troubles du comportement alimentaire,
- l’insomnie psychophysiologique,
- ou encore les comportements addictifs.
Qu’est-ce que la thérapie EMDR ?
L’EMDR : pour qui ? pour quoi ?
L’EMDR représente une thérapie en tant que telle. L’EMDR (Movement Desensitization and Reprocessing) permet de retraiter des perturbations émotionnelles actuelles dues à des évènements passés. Ce type de thérapie est éprouvée scientifiquement pour guérir les traumatismes notamment, mais aussi pour d’autres problématiques telles que l’anxiété, la dépression, les TOC, les deuils, les ruptures douloureuses, etc. Le retraitement se fait en réalisant des mouvements oculaires tout en repensant aux situations douloureuses. Ces mouvements oculaires permettent de reproduire l’activité cérébrale qui a lieu pendant le sommeil paradoxal et qui permet de traiter correctement les situations vécues.
Principes théoriques
Cette méthode dont l’efficacité a été démontrée scientifiquement permet de traiter perturbations émotionnelles actuelles dues aux évènements du passé ; c’est-à-dire que l’on va traiter des situations non-digérées.
L’EMDR s’appuie sur le modèle théorique de Processus du Traitement Adaptatif de l’Information (PTAI). Les individus seraient ainsi programmés pour traiter les informations, mêmes les plus perturbantes, afin de les stocker dans un réseau de mémoire adaptatif. Il arrive néanmoins que certaines situations soient moins bien traitées et restent perturbantes dans le présent ; celles-ci seraient stockées au sein d’un réseau de mémoire inadapté. Les informations qui y sont stockées seraient dysfonctionnelles et resteraient isolées sans être reliées aux autres zones dites plus rationnelles. Ainsi, le retraitement EMDR permet de relier ces deux réseaux de mémoire : les nouvelles informations viennent à l’esprit et le matériel perturbant est résolu.
L’objectif est donc de permettre efficacement à une personne de se souvenir du passé dans le présent, au lieu de revivre le passé dans le présent (Eugénie Zara-Jouillat, 2023). On stimule une attention duale entre ici & maintenant et le souvenir passé.
Shapiro (2001), fondatrice de la thérapie EMDR, indique que « des souvenirs d’évènements perturbants peuvent être stockés dans votre cerveau dans un réseau mnésique isolé, avec tous ses composants initiaux : l’image originale, les sons, les pensées, les sensations et les émotions présents. Le vieux matériel douloureux peut continuer d’être activé encore et encore. Ceci empêche l’apprentissage et/ou la guérison de se produire. Dans une autre partie de votre cerveau, dans un réseau séparé, se trouve pourtant la plupart des informations dont vous avez besoin pour résoudre ce problème ; seulement, ces deux parties ne peuvent juste pas se connecter. Une fois que le retraitement EMDR commence, un lien s’établit entre ces deux réseaux. De nouvelles informations semblent arriver à l’esprit et permettre la résolution de ce vieux matériel. C’est ce qui semble se produire spontanément pendant le sommeil paradoxal lorsque les mouvements oculaires aident à retraiter le matériel inconscient ».
Concrètement, comment se déroule une thérapie EMDR ?
Comme toute psychothérapie, les premiers échanges en thérapie EMDR ont pour but de récolter des informations sur l’histoire du patient et ce qui lui pose problème aujourd’hui. C’est un temps primordial qui permet également au patient de s’approprier le lieu de consultation et de se sentir à l’aise avec son psychologue-psychothérapeute. Cette prise d’informations permet ainsi d’apprécier si la thérapie EMDR est appropriée ou si une autre approche peut davantage convenir au patient. Toute démarche thérapeutique s’appuie sur une relation collaborative entre le patient et la psychologue-psychothérapeute. Le rythme du patient est respecté et son consentement éclairé est recueilli.
Le processus de retraitement et de désensibilisation
Une fois la prise d’histoire réalisée, il s’agira d’élaborer un plan de ciblage pour chaque problématique identifiée. Une fois que l’on a identifié le ou les souvenirs dysfonctionnels à retraiter, des exercices de relaxation sont proposés et les séances de retraitement et de désensibilisation peuvent commencer.
Chaque souvenir identifié sera retraité. La procédure globale à retenir est la suivante :
Identification du souvenir cible
Le souvenir spécifique à traiter est identifié.
Mouvements oculaires
Le patient suit les doigts du thérapeute des yeux, ce qui active le processus de traitement de l'information du cerveau.
Feed-back
Le processus continue jusqu’à temps que le souvenir semble avoir été traité, avec des retours réguliers du patient.
En fin de séance, des exercices de relaxation peuvent être réalisés.
Entre les séances
Il est important de noter que le processus de traitement d’information se poursuit entre les séances. Des émotions et/ou ressentis corporels peuvent apparaître ; des exercices sont proposés en séance pour faire face à cela.
Enfin, la thérapie EMDR traite trois volets :
- Les évènements passés
- Les déclencheurs actuels
- Les préoccupations futures
Plusieurs séances sont donc nécessaires. Comme de nombreuses thérapies, il est très difficile de définir un nombre de séances à l’avance. Un minimum de 5 séances est à envisager (prise d’histoire, préparation au retraitement, 3 séances de retraitement). Il est important de noter que plusieurs séances peuvent avoir lieu avant de commencer le retraitement, et un délai de 2 semaines maximum est préconisé entre les séances.
Pour résumer…
Retenez-bien que c’est votre propre cerveau qui réalise la guérison et vous êtes celui qui contrôle les choses. Il n’y aura pas besoin de raconter les évènements en détail, et il n’y aura pas de tâche à la maison. Le but principal de l’EMDR est de soulager l’individu de ses liens dysfonctionnels au passé de façon à ce que des réponses adaptatives puissent avoir lieu dans le présent (Eugénie Zara-Jouillat, 2023).