Les transformations rapides du monde contemporain — sociales, environnementales, professionnelles, technologiques — constituent aujourd’hui une toile de fond omniprésente dans la vie de nombreuses personnes.
Ces changements peuvent avoir un impact émotionnel et des répercussions sur la qualité de vie des individus.
Anxiété, tristesse, colère, sentiment d’impuissance, fatigue émotionnelle…
Ces réactions ne sont ni excessives ni pathologiques en soi. Elles constituent des réponses humaines naturelles face à l’incertitude, à la perte de repères, et à l’accélération des transformations.
Pourquoi le changement mobilise-t-il autant nos émotions ?
En psychologie, les émotions sont comprises comme des réponses adaptatives : elles nous informent de ce qui est important pour nous et nous préparent à agir. Lorsqu’un changement est perçu comme menaçant, incontrôlable ou difficilement compréhensible, il active naturellement des émotions dites « inconfortables », dont la fonction première est de nous protéger.
Le problème n’est donc pas tant l’émotion elle-même, mais la manière dont elle s’installe, se chronicise ou envahit le quotidien.
Dans un monde en mutation permanente, il devient parfois difficile de retrouver un sentiment de stabilité émotionnelle, ce qui peut conduire à :
- une rumination anxieuse,
- un sentiment de débordement,
- une perte de sens ou de motivation,
- un retrait émotionnel ou relationnel.
Des éco-émotions aux émotions du changement : un continuum
Les recherches sur l’éco-anxiété ont permis de mieux comprendre comment des préoccupations globales peuvent générer une souffrance psychique réelle, chez les adultes comme chez les enfants.
Cependant, les mécanismes en jeu ne se limitent pas aux enjeux environnementaux.
De nombreuses personnes consultent aujourd’hui non pas uniquement pour une anxiété liée au climat, mais pour un mal-être plus diffus, associé à :
- l’incertitude concernant l’avenir,
- les transformations du travail,
- les changements de rôle (parentalité, séparation, reconversion),
- la difficulté à se projeter ou à faire des choix durables.
Ces vécus émotionnels s’inscrivent dans un même processus : faire face à un monde changeant tout en tentant de préserver un équilibre interne.
Quand savoir ne suffit pas à aller mieux
Un constat fréquent, tant dans la recherche que dans la pratique clinique, est l’écart entre ce que les individus savent et ce qu’ils parviennent à faire. Le fait de comprendre rationnellement une situation n’entraîne pas nécessairement un apaisement émotionnel ou un changement de comportement.
Cet écart n’est ni un manque de volonté ni un défaut personnel. Il s’explique en grande partie par le rôle central des émotions dans la prise de décision, la motivation et l’action. Lorsque les émotions sont trop intenses ou mal régulées, elles peuvent freiner l’engagement, même lorsque les intentions sont claires.
Accueillir et réguler ses émotions face au changement
Apprendre à gérer ses émotions ne signifie pas chercher à les contrôler ou à les faire disparaître. Il s’agit plutôt de développer une relation plus ajustée à son vécu émotionnel, afin de pouvoir continuer à avancer malgré l’incertitude.
Cela peut passer par :
- une meilleure compréhension de ses réactions émotionnelles,
- des outils de régulation physiologique (respiration, ancrage, attention au corps),
- un travail sur les pensées associées,
- une clarification de ses valeurs et de ce qui fait sens.
Les approches issues des thérapies cognitives et comportementales, ainsi que de l’ACT, offrent un cadre particulièrement pertinent pour travailler ces dimensions, en articulant émotions, pensées et actions.
L’intérêt du travail en groupe
Dans un contexte de changements multiples, l’isolement émotionnel est fréquent.
Le groupe peut alors devenir un espace contenant et sécurisant, permettant :
- de normaliser les vécus émotionnels,
- de partager des expériences similaires,
- d’expérimenter des outils de régulation,
- de retrouver un sentiment de soutien et d’appartenance.
Travailler les émotions en groupe permet de s’appuyer sur la dimension relationnelle comme levier thérapeutique.
En conclusion
Les émotions suscitées par un monde en constant changement ne sont pas des signes de fragilité. Elles témoignent de notre capacité à être affectés par ce qui nous entoure et par ce qui compte pour nous.
Apprendre à les reconnaître, à les accueillir et à les réguler permet non seulement de réduire la souffrance émotionnelle, mais aussi de retrouver une forme de stabilité intérieure, malgré l’incertitude.
C’est dans cette perspective que s’inscrivent les accompagnements que je propose, en individuel comme en groupe : offrir un espace pour comprendre ces vécus, développer des ressources et retrouver une capacité d’adaptation plus apaisée.
Des groupes de parole autour de la gestion des émotions face aux changements de vie sont actuellement en cours de constitution.
Ces espaces proposent un accompagnement groupal destiné aux personnes souhaitant mieux comprendre leurs réactions émotionnelles, mettre des mots sur leur vécu et développer des ressources, dans un cadre bienveillant et sécurisé.